•  

    J’ai la tête vide. Mon corps est lourd.

    Autour de moi, il n’y a qu’abîme et profondeur. Je n’ai plus aucune notion d’espace ; je reste là, immobile, incapable de me mouvoir à cause de mes membres engourdis.

    Depuis combien de temps suis-je allongé sur le sol froid et humide de cette pièce intemporelle, à fixer le plafond et à ne rien voir comme si mes yeux étaient clos ? Je ne sais pas. Sûrement longtemps, tellement longtemps que mes souvenirs se sont effacés de ma mémoire. Où suis-je ? Qui suis-je ? Tout cela je l’ai oublié. L’ai-je au moins su un jour ?

     

    Soudain, un grincement strident se fait entendre. Les ténèbres dans lesquels je suis engouffré sont balayées par un filet de lumière. C’est lui. Il a ouvert la porte qui me sépare d’un monde dont je ne connais rien. Peut-être ai-je envie de découvrir celui-ci ? Régulièrement, il entre dans la pièce et reste debout à m’observer. Je le sais, je le sens. Ses yeux me scrutent et m’analysent dans les moindres détails, même mon âme semble transpercée par son regard froid. Parfois, il s’approche et je peux apercevoir un carnet de note dans ses mains – qu’il lâche quelques instants pour m’examiner. Il prononce alors des mots qui ne me disent rien, comme s’il s’adressait à une autre personne. Je le fixe, sans rien dire. Il fait comme si je n’existais pas. Le faible éclairage me laisse entrevoir son visage concentré. C’est un homme d’une trentaine d’années, mal rasé, habillé d’une blouse blanche tâchée d’encre noire. Il se relève et prend quelques notes avant de s’en aller et de refermer la porte derrière lui. Tout redevient sombre et silencieux.

     

    Je reste dans la solitude, pour seule compagnie mes pensées. Je les mets en ordre, essayant de chasser la confusion de mon esprit. Mais ce qui me torture le plus, c’est cette peur croissante au fond de moi, ce nœud qui serre mon estomac, qui le compresse. Mon ignorance accentue la chose, le noir et le froid m’oppressent.

    Je craque.

    Je ne peux pas en supporter davantage ! J’ouvre les yeux et scrute le vide avec conviction. Je referme mon poing avec difficulté, puis serre les dents. C’est la première étape, ma décision est prise.

    Je ne sais pas combien de temps s’écoule mais je patiente, j’attends avec la ferme intention de réussir mon coup. Je m’échauffe, me prépare psychologiquement, comme si une bataille d’une importance capitale allait se dérouler. C’était un peu ça.

    Après un long moment, la porte s’ouvre à nouveau. L’homme entre et comme à son habitude reste devant moi un instant à me regarder. Je prie de tout mon être pour qu’il s’approche. Par chance, il le fait. J’entends ses pas lourds frottant le sol de plus en plus nettement. Il est tout près. Soudain, il se baisse pour mieux me voir.

    C’est le moment ou jamais ! Je prends ma respiration et ferme les yeux. Puis dans un élan de détermination, je me lève d’un coup et projette l’homme effaré en arrière. Il pousse un petit cri et se tord de douleur. Je reste muet, surpris par ma poussé d’adrénaline. J’ai enfin pu bouger.

     

    L’homme reste à terre, inerte. Ma force m’étonne. Je regarde devant moi l’ouverture qui m’invite à m’échapper. J’accepte volontiers sa proposition et commence à avancer lentement. Je passe l’embrasure de la porte puis me retrouve dans un couloir légèrement éclairé par des néons orangés. Des profondeurs des ténèbres, la lumière semblait tellement vive que je croyais qu’il s’agissait du soleil, mais en réalité il me reste du chemin à faire avant de voir ses rayons. Je me mets en marche, rapidement, du moins à la vitesse que mes jambes me permettent. Mon regard balaye les murs gris et effrités par le temps. Je commence à me sentir anxieux. J’ai l’impression d’avancer à l’aveuglette, dans un lieu ne menant nulle part. Le couloir est sans fin, sans repère et tout se ressemble.

    Soudain, une alarme se met en marche. Une sirène discordante sonne, les murs deviennent rouges et la lumière se met à tourner comme si elle venait d’un gyrophare. Je me bouche les oreilles. Sans m’en rendre compte, j’ai paniqué et me suis mis à courir à toute allure. Je passe devant des portes sans prendre la peine de les regarder, ma tête tourne. Je ne vois qu’une chose : le chemin droit devant moi. C’est le plus court pour atteindre mon but.

    Je me presse, mes pieds me font mal. Un bruit métallique me poursuit à chacun de mes pas, mais je n’arrive pas à savoir ce que c’est. Je ne désire qu’une chose, m’évader le plus vite possible et enfin respirer à l’air libre.

     

    Enfin, au bout du couloir, je vois une porte. Elle semble être mon unique échappatoire. Je la pousse violemment et soudain un éclat lumineux m’éblouie. Je ferme les yeux et m’arrête de courir. Peu à peu, ma vue revient. Je me trouve devant un grand espace vert, encerclé par une forêt dense et des montagnes gigantesques. Le ciel est d’un bleu à la fois clair et profond, les nuages se déplacent au gré du vent et quelques chants d’oiseaux me parviennent. Les rayons du soleil sont plus beaux encore que ce que je pensais. Ils sont chaud et…

    Non.

    Quelque chose cloche. La sensation que dégage cette source de lumière n’est pas comme je l’aurai cru. Je ne sens pas sa chaleur sur ma peau, les bras du soleil ne me chatouillent pas comme ils le devraient.

    Je n’ai toujours aucun souvenir. Ai-je déjà vu la lumière du jour avant aujourd’hui ? Est-ce que j’ai déjà ressenti la sensation que je décris ? Non. Je ne sais pas.

    Mes idées s’entremêlent, mes pensées deviennent confuses. Je me sens lourd, tout d’un coup, comme si je venais d’avaler du plomb en grande quantité. Mes forces m’abandonnent lentement et peu à peu, mes yeux se ferment. J’entends encore quelques gazouillis, puis des cris derrière moi, sûrement ceux de mes poursuivants. J’aimerais m’enfuir, me sauver, pour ne jamais avoir à retourner dans le noir et la solitude, mais mon corps me le refuse. Je ne peux plus bouger, je reste les deux pieds figés au sol, comme ancrés dans le bitume.

    Ma tête est creuse.

    Soudain, je tombe de tout mon poids sur le sol, dans un fracas sourd. Je reste immobile le temps d’une seconde, puis plus rien.

    ***

    L’horizon est vaste. Les montagnes qui englobent cette parcelle de forêt immense font plusieurs mètres de hauts. Une petite rivière traverse furtivement le terrain, s’écoulant des montagnes et vagabondant entre les arbres et les rochers.

    Au loin, une petite tâche noire gît sur le sol. Elle semble inerte. En se rapprochant, on aperçoit les contours d’une silhouette grise se former. Plus près, on constate qu’il s’agit d’une sorte d’humain métallique, allongé sur le sol.

    Trois hommes sortent en trombe du vieux bâtiment caché juste derrière les broussailles. Ils se ruent sur l’étrange machine et l’attrapent par deux de ses membres. Un autre homme arrive. Il a une moustache retroussée et porte une blouse blanche immaculée. Il hurle à ses compagnons de sa grosse voix : « Il a fonctionné ?! » Ceux-ci hochent de la tête avec frénésie et un peu de peur devant ce que l’homme vient d’accomplir. Le moustachu répond avec énergie et fierté : « Ramenez-le dans le labo ! Ce sera la première intelligence artificielle lorsqu’il sera achevé ! Mais il faut revoir ce problème de batterie… »

    Les hommes portent alors l’engin avec difficulté jusqu’à l’intérieur, en peinant quelque peu. Enfin, le robot reprend sa place originelle, dans la pièce sombre et froide.


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  • Bonjour !

    J'ai écrit une histoire il y a environ un an, et je l'ai envoyée à une maison d'édition. J'ai eu la joie de recevoir une réponse annonçant que mon manuscrit avait été accepté pour une publication !

    On peut le commander ici :

    Site Edilivre

    Publication !

     

    Il s'agit d'une aventure fantastique. Le personnage s'appelle Lowell et est un loup fasciné par les hommes depuis sa rencontre avec une petite fille. Il est courageux, téméraire, ce qui lui attire souvent des ennuis. Il va être confronté à un danger qui menacera non seulement sa meute mais le monde des hommes également ! 

     

    Ça y est ! J'ai écrit une deuxième histoire qui a été publiée : Le corbeau noir !

    Résumé : Qui est donc ce mystérieux Corbeau noir ? Sa légende semble liée au destin du Royaume de Gallia et à celui de Raven et Sora, deux jeunes orphelins possédant des dons très particuliers.

    « Votre Altesse… Je jure de vous servir et de vous protéger loyalement, et ce, même après la mort. Je fais le serment que moi, le corbeau noir, ne vous trahirait jamais ! »

    Je suis vraiment contente d'avoir pu faire publier ma deuxième histoire ! C'est pourquoi, j'encourage vivement ceux qui aiment écrire et qui ont ce rêve caché au fond d'eux d'essayer, de tenter leur chance, car il n'est pas totalement inatteignable.


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  • Chapitre 1 : ici

    Partie 2

    « _ Je suis Césaria ! L’impératrice des plantes si vous voulez savoir bande d’ignorants ! » Cria la fleur en se repoudrant, un miroir dans les mains.

    Peter ne répondit rien et se contenta de demander à la rose le chemin pour se rendre chez la sorcière.

    « _ Impolis ! hurla l’impératrice en foudroyant les deux garçons du regard. Sortez d’ici, c’est un ordre ! »

    Soudain, toutes les fleurs de la serre s’animèrent. Elles tirèrent la langue et répétèrent en chœur : « Sortez ! Sortez ! Malpolis ! » Jules qui avait reprit ses esprits se leva. Il jeta un regard interrogateur à Peter qui haussa les épaules en signe d’incompréhension. C’était la première fois qu’il venait dans cette forêt et ne connaissait pas les coutumes locales. Les deux enfants retournèrent d’où ils venaient. Mais, avant de sortir de la serre, Peter s’arrêta brusquement. Il s’accroupit devant une fleur, plus petite que les autres. C’était un pissenlit jaune, profondément endormi. Peter caressa délicatement les pétales de la fleur jaune qui se réveilla en sursaut. Quand elle vit Peter, elle devant rouge de timidité.

    « _ Sais-tu où se trouve le repère de la sorcière ? » demanda-t-il avec douceur.

    Le pissenlit se tortilla dans tous les sens, hésitant, puis pointa finalement l’ouest avec sa tête. Peter remercia la petite plantes et sortit d’une de ses poches un flacon rempli d’un liquide rose. Il en déversa quelques gouttes sur la fleur qui vraisemblablement, se rendormie heureuse et satisfaite.

    Les deux garçons se remirent en route en suivant la direction indiquée. Dès lors, ils entrèrent dans une toute autre dimension de la forêt. Plus d’herbe, plus d’arbre fleuri, la terre sèche et les troncs déracinés avaient pris leur place. Il y avait même des ronces qui barraient le chemin.

    Enfin, Peter et Jules arrivèrent devant une chaumière à l’allure effrayante.

    « _ C’est ici, annonça Peter en s’approchant de la fenêtre. Il faut essayer d’entrer discrètement. Éloigne-toi Jules. »

    Le garçon s’exécuta mais demanda pourquoi ils ne sonnaient pas directement. Peter répondit en grimaçant : « C’est une sorcière pardi ! Un peu de bon sens. » Jules n’en avait jamais vu mais il crut en l’expérience de son ami. Il alla se cacher derrière des ronces. Peter vérifia l’intérieur de la maison, la sorcière semblait occupée. Il respira un bon coup puis grimpa sur le toit en passant par la gouttière. Il se dirigea vers la cheminée. Alors qu’il s’apprêtait à descendre, deux oiseaux gigantesques perchés non loin de là piquèrent vers Peter. Jules essayant de le prévenir mais s’était déjà trop tard. Le jeune garçon dégringola du toit et tomba violemment sur le sol. Les deux volatiles se posèrent pile à l’emplacement de la cheminée. Peter, déterminé, tenta plusieurs fois de passer. Il essaya diverses façons mais se retrouva à chaque fois par terre. Les oiseaux n’étaient pas stupides.

    Finalement, Peter abandonna et rejoignit Jules dans sa cachette. Il s’assit par terre et se mit en boule.

    « _ Si je n’ai pas de poudre de sommeil, les gens ne rêveront plus jamais et dormiront très mal. » fit-il désespérément.

    Jules le regarda en souriant tristement, et lui rappela qu’il restait encore un moyen simple de se procurer cette poudre magique. Malgré la résistance de Peter, les deux enfants se retrouvèrent bientôt devant la porte de la sorcière, à frapper.

    Une petite femme ronde leur ouvrit. Jules s’attendait à voir un monstre hideux, une femme horrible avec des verrues sur le nez et des poils sortant des oreilles. Finalement, il se retrouva devant une femme toute à fait banale à part son chapeau pointu et son intérieur glauque. La femme avait la trentaine. Elle avait des cheveux roux crépus et portait un tee-shirt rose trop court pour elle. Elle invita les deux enfants à s’assoir et les fixa du regard. Voyant que son camarade ne disait rien, Jules prit la parole.

    « _ Nous cherchons de la poudre de sommeil. N’en auriez-vous pas en stock par hasard ? »

    La sorcière se gratta le menton. Soudain, son visage s’illumina et un large sourire augmentant le nombre de ses rides apparut.

    « _ En effet, j’en ai un sac il me semble. Dit-elle en ricanant.

    _ Chouette ! s’écria Jules. Nous aimerions en a…

    _ Mais rien n’est gratuit les enfants. » Continua la sorcière.

    Jules se raidit. Peter bougonna furieusement : « Tu vois… » La sorcière sourit de plus belle en voyant les visages dépités des deux garçons.

    « _ Mais ce n’est pas impossible pour vous les jeunes ! Si vous me trouvez une pierre de lune, je vous cèderais le sac. Il parait que l’on en trouve seulement dans l’autre monde, c’est trop loin pour moi. » Dit-elle en fouillant dans ses papiers afin de trouver une photo de l’ingrédient qu’elle convoitait.

    Jules croisa les bras en réfléchissant. Ce nom ne lui était pas inconnu. Enfin, la dame revint et ouvrit un livre ancien. Les garçons se penchèrent sur un dessin.

    « _ Mais oui ! C’est ça ! » Cria soudain Jules.

    La sorcière sursauta de peur et Peter renversa sa chaise. Jules sortit de sa poche la bille qu’il avait gagnée auparavant. Il la leva au plafond.

    « _ Cette bille est la pierre de lune ! C’est comme ça qu’on l’appelle ! » Dit-il euphorique.

    La sorcière la prit en tremblant puis sauta de joie. Elle se remit immédiatement à préparer sa potion. Peter n’en revenait pas. Il fit un sourire à Jules, sa bonne humeur était revenue. La sorcière revint et embrassa Jules sur le front. Elle donna le sac de poudre de sommeil. Ils discutèrent quelques instants afin de faire connaissance. Peter et la sorcière se trouvèrent pleins de points communs et devinrent vite amis.

    Puis, l’heure de s’en aller pour Jules arriva. Peter tourna une nouvelle fois la clé et Jules repassa par la porte de lumière. Les trois amis se firent de grands signes d’au revoir. Soudain, tout tourbillonna autour de Jules. Les images devinrent floues puis disparurent complètement. Il eut juste le temps d’entendre Peter une dernière fois.

    « _ Je suis content de t’avoir rencontré ! A un de ces quatre Jules ! »

    Un rayon de lumière entra dans la pièce et tapa sur le visage de Jules. Il se réveilla, l’esprit tout embrumé.

    « _ Bien dormis ? Demanda sa mère qui venait d’entrer. Tu avais l’air agité cette nuit. »

    Jules se remémora les aventures avec le faiseur de rêve. « Ce n’était qu’un rêve. » se dit-il en se levant. Il se prépara comme tous les matins à aller à l’école. La récréation était redevenue bruyante et Max racontait comme à son habitude un nouveau rêve. Cette fois-ci, il était devenu un chasseur de dragons.

    « _ Moi, j’ai rêvé du faiseur de rêve ! » interrompit Jules en rigolant.

    Il allait raconter ses péripéties quand soudain quelqu'un l’attrapa par le bras et le traîna jusqu'au terrain de bille. C’était son adversaire de l’autre jour.

    « _ Je te défie pour récupérer la bille que j’ai perdu l’autre fois ! » cria-t-il avec ardeur.

    Jules accepta la revanche et mit la main dans sa poche. C’est alors qu’il découvrit qu’elle était vide. La pierre de lune avait mystérieusement disparue !

    Fin

    Irinadas


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  • Voici une histoire que j'ai écrite il y a longtemps, quand j'étais petite ^^

     

    Le Faiseur de rêve

    Partie 1

    D’un geste sec, Jules envoya sa bille qui ricocha sur un caillou. Par chance, celle-ci toucha sa cible.

    « _ Elle est à moi ! Ta bille m’appartient ! » Cria le blondinet ravi.

    Son adversaire tendit la petite sphère ronde à Jules en rouspétant. Le jeune garçon contempla la bille qui scintillait de mille feux au creux de sa main. Tom, son meilleur ami, s’approcha pour le féliciter.

    « _ T’as eu de la chance ! Elle est super rare ! Il paraît qu’elle est magique et qu’avec, on ne rate jamais son coup ! » Dit-il en examinant la bille de plus près.

    Jules s’empressa de la ranger dans sa poche. Il rejoignit ensuite son groupe d’amis qui était en pleine conversation.

    « _ Cette fois, j’ai rêvé que j’étais un samouraï de l’ère d’Edo. J’étais au service de l’empereur et je devais combattre le roi des monstres. Il me semble qu’il avait la tête du directeur ! »

    Il y eut un éclat de rire général. Tout le monde était absorbé par l’histoire de Max. Chaque jour, il racontait le rêve qu’il avait fait la nuit précédente. Dans ses songes, il était souvent un héros prêt à sauver le monde et destiné à affronter un monstre gigantesque. Alors qu’il parlait avec passion, Léo, un garçon à l’air niais coupa le récit et posa une question qui intrigua Jules.

    «_ A votre avis, qui est-ce qui fait les rêves ? »

    Jules repensa à cette phrase et s’interrogea toute la journée.

    « _ Hé hé, celui qui construit les rêves… On l’appelle le marchand de sable ! » Avait répondu Tom avec enthousiasme.

    Mais Max cassa l’ambiance en disant sèchement : « Ce n’est qu’un mensonge, une pauvre légende inventée par les adultes les gars. Revenez sur Terre ! » La cloche sonna sur ces mots. Le mythe fut brisé par le retour en classe. Tom bouda le reste du temps, vexé par les dures paroles de Max. Jules n’arriva pas à se concentrer. Il réfléchissait toujours à la question. Il se disait que toutes les légendes avaient un fondement réel. Enfin, trop curieux de savoir, il prit sa décision.

    Une fois la nuit tombée, il attendit que ses parents soient couchés et ralluma sa lampe. Il laissa le volet ouvert et se mit en tailleur sur son lit en signe de détermination. Cette nuit, il attendrait la venue du marchand de sable.

    Jules patienta en vain. Il resta éveillé mais personne ne se montra.

    Le lendemain matin, Jules eut du mal à se préparer pour aller à l’école. De grosses cernes étaient apparues sous ses yeux et ses paupières étaient devenues lourdes. En arrivant, il remarqua que la cour de récré, d’habitude si bruyante, était étrangement calme. Tom arriva vers lui en baillant.

    « _ Tu sais quoi ? dit-il en saluant son copain. Max dit qu’il n’a pas pu rêver cette fois.

    _ Tu as mal dormi ? demanda Jules en le voyant se frotter les yeux.

    _ Ah ça oui ! Très mal, et on dirait que toi aussi d’ailleurs. » Répondit Tom qui venait à nouveau de bailler.

    Jules trouva cela très louche. Tout le monde semblait épuisé. Même la maîtresse faillit s’endormir en plein milieu du cours.

    Le soir venu, Jules resta allongé sur son lit jusqu’à une heure très tardive. Il avait abandonné l’idée du marchand de sable mais ne parvenait pas à s’endormir. Soudain, un miaulement attira son attention. C’était celui de son chat Marrou. Il venait du jardin. Jules descendit voir ce qui se passait. Derrière la bais vitrée, il vit son chat et devant lui, quelqu’un se tenait accroupis. Il écarquilla les yeux. Il ouvrit brusquement la porte et cria.

    « _ Qui êtes-vous ?! »

    L’étranger sursauta et tenta de s’enfuir. Mais, son pied se prit dans une racine et il trébucha. Jules alluma la lumière. La silhouette n’était autre que celle d’un garçon à peine plus âgé que lui. Ses cheveux étaient d’un bleu nuit intense, son regard était doux et innocent. Il portait un uniforme blanc, orné de quelques boutons dorés. Il était aussi vêtu d’une cape rouge avec le motif d’une lune jaune en plein milieu.

    Les deux enfants restèrent muets un long moment. Seul le chat rompait le silence avec ses ronronnements.

    «_ Je… Euh je suis… bégaya l’inconnu au bout d’un instant.

    _ Je sais ! s’écria Jules. C’est toi le marchand de sable !

    _ Euh… oui, drôle de nom. Je suis le Faiseur de rêve. » Fit le garçon en rougissant.

    Jules sautilla d’excitation. Il invita le jeune enfant à s’assoir.

    « _ Que faisais-tu ici ? demanda t-il.

    _ Je questionnais le chat afin de savoir s’il n’avait pas vu un petit sac brillant. Il y avait ma poudre de sommeil dedans et je l’ai perdu. » Répondit le garçon en dépoussiérant son costume.

    Jules leva un sourcil : « Quel personnage bizarre. » Se dit-il.

    « _ Je peux t’aider à le retrouver ? Proposa t-il avec espoir.

    _ J’ai cherché partout. Dans mon monde il n’y en a plus. » Soupira l’enfant.

    Il ramena ses jambes vers lui et se mit en boule sur le fauteuil. Jules partagea son désespoir, ne sachant pas quoi faire.

    Soudain, le garçon releva la tête et poussa une exclamation.

    « _ Peut-être !

    _ Quoi ? fit Jules surpris.

    _ Dans la forêt Hurlante, il y a une sorcière qui doit en avoir en stock ! »

    Les deux enfants se levèrent d’un bond.

    « _ Je vais t’aider ! » Cria Jules sûr de son coup.

    Le petit faiseur de rêve acquiesça et ils se serrèrent la main.

    « _ Très bien, ravi de faire équipe. Je m’appelle Peter.

    _ Et moi c’est Jules ! »

    Après les présentations, Peter sortit une clef qu’il tourna dans le vide. L’air se déchira et une lumière aveugla Jules.

    « _ Voici la porte de mon monde. » Fit Peter en élargissant l’ouverture.

    Ils entrèrent tous les deux et furent aspirés dans un tourbillon lumineux.

    Jules ouvrit doucement les yeux. Il se leva difficilement et vit une forêt immense face à lui. Contrairement à ce qu’il pensait, elle était lumineuse et fleurie. Malgré l’étrange absence d’animaux, l’air était agréable et tout semblait paisible. Peter était déjà debout. Ils se mirent tous deux en route. Ils marchèrent longuement sans savoir où aller. De temps en temps, un panneau indiquait une direction mais celle-ci ne menait généralement nulle part. Jules eut l’impression de revenir au même endroit plusieurs fois et commença à fatiguer.

    Enfin, Peter poussa une exclamation. Il pointa du doigt un nouveau panneau. Sur celui-ci était inscrit : Jardin Royal. Guidés par l’instinct du jeune garçon, ils arrivèrent devant une immense serre entièrement bâtie en verre. Ils entrèrent et découvrirent des rangées de fleurs anormalement grandes. Ils marchèrent jusqu’au milieu quand soudain, une voix les fit sursauter.

    « _ Que faites-vous ici ?! »

    La voix semblait venir de la plus grande fleur. Jules tomba à la renverse ! Une rose ornée d’une couronne de laurier venait de bouger et le regardait fixement de ses grands yeux!

    A suivre...

     


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  • Un certain jour numéro 6...

        Je me suis évanoui. Je ne me suis réveillé qu'au lendemain. Je le savais ; cette pieuvre avait attaqué le vaisseau détruit, il était cabossé lui aussi. Eric était son complice. Je ne devais pas rester ici. Ils étaient dangereux ! Mais quand même... Un extraterrestre ?
        Eric est entré dans la chambre, au moment où je rassemblais mes affaires pour filer de là. Il m'a demandé de m'asseoir. J'ai obéis, trop effrayé ; si ce jeune homme contrôlait une pieuvre géante, c'était risqué de refuser.
        - Je voulais te le dire... Mais tu m'as pris pour ton assistant. Ne t'en fais pas, Anthony n'est pas méchant !
        Il parlait de sa pieuvre.
        - Il a détruit l'autre vaisseau... ai-je répliqué.
        Eric m'a regardé bizarrement puis a souri.
        - Meuh non ! Anthony est tout gentil ! Il est né dans l'espace, c'est pour ça qu'il peut y respirer... En fait, quand on est arrivé dans le vaisseau, tout le monde était déjà mort. On a trouvé les responsables : des nano robots !
        Des nano... Quoi ? Ces petites machines ? Il ment encore une fois...
        - C'était un projet scientifique mis au point dans ce vaisseau... Mais les nano-robots se sont retournés contre leur concepteur, classique, et ont tout dévoré sur leur passage. Je dois les retrouver, s'ils se sont propagés ailleurs l'espace est en danger... Je suis entré ici quand tu es allé dans le vaisseau. J'ai donc vérifié grâce à mes outils qu'il n'y en avait pas dans la station, mais mes radars ont indiqué que rien d'autre ne s'était infiltré ici. Je vais chercher ce vaisseau avec Anthony...
        Son histoire m'a paru très douteuse. Mais Eric m'a montré des fichiers extraits du vaisseau ; c'était la boite noire que je recherchais la dernière fois. Il avait dit vrai, tout y était consigné par vidéo. Quelle histoire... Mais ce qui me fascinait le plus c'était Anthony ; je l'observais sur les radars. Eric l'a remarqué.
        - Tu veux venir avec moi ? On pourrait voyager ensemble ? Avec Anthony c'est facile...
        J'ai bafouillé. Venir ? Quitter la station ? Pourquoi je ferais ça ? Ma tête a tourné. Bien sûr que je le voudrais, lui ai-je répondu, mais qui s'occuperait de cet endroit, de ce travail ? C'était important ! C'était un prétexte. J'avais toujours vécu ainsi, pourquoi changer ? J'ai regardé Eric. Je comprenais ce qu'il pensait, c'était limpide. Puis, j'ai réfléchi. Mais oui ! Un assistant viendrait bientôt... Il pourrait me remplacer... Je mérite de prendre ma retraite après tout. En fait, je ne sais même pas si je vis. Je veux commencer à vivre, naître... Pour la première fois, je crois, j'étais plein d'enthousiasme, je faisais des projets. Je voulais découvrir l'univers de mes propres yeux, pas seulement voir des images de télescopes ! Et ces lettres ! Je les laisserais à mon assistant, toi, afin que tu comprennes tout à ton arrivée ! Bien sûr, tu ne me croiras pas, comme je l'ai déjà dit.
        Eric était content. Nous avons mis nos casques pour pouvoir respirer dehors. J'ai actionné la passerelle, Anthony a déployé ses bras et nous a serrés pour nous faire flotter dans le vide. C'était surprenant au début, mais on s'y habitue vite. Puis, nous sommes partis à la poursuite du vaisseau et de ses nano robots. Des héros galactiques... C'est ainsi que je le vois. Finalement, l'espace, ce n'est pas si mal.

    A mon assistant
    De la part du petit homme de la station spatiale


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