• Les lumières dans le ciel 3

    Les lumières dans le ciel 3

    Hello ! Voici le chapitre 3 des lumières dans le ciel ! Pour lire le premier chapitre c'est ici !

     

    LA PANTHÈRE DE LA NUIT

     

        Le soir tomba. Mes parents étaient sûrement partis ; ils avaient du me chercher pendant des heures, en vain. La lune se cachait derrière les nuages. Les arbres remuaient ensemble, répondant au léger vent qui soufflait. Je ne pouvais rien voir dans cette obscurité. Alors je m'étais assise sur un rocher, désemparée. Mon ventre criait famine. J'avais les yeux rouges et des traces de larmes séchées sur tout le visage. J'essayais de me calmer, me disant que demain, peut-être, je retrouverai mon chemin plus facilement. Mais la forêt, la nuit, est très effrayante.
        Soudain, j'entendis un bruit. Léger, subtile, puis une sorte de ronronnement félin. Je bondis sur mes jambes, terrifiée. Je tentais depuis des heures de faire abstraction des nombreux cris qui transperçaient le silence et me glaçaient le sang. Un souffle... Je reculai, effrayée, tournai la tête dans tous les sens pour apercevoir ce qui se tapissait dans les buissons.
        Le souffle était plus fort. Il venait... d'en haut.
        Je levai la tête et me retournai brusquement. Deux grands yeux luisants m'observaient depuis une branche épaisse. La silhouette sauta sur le sol avec la grâce d'un chat. Je tombai à terre. Je fis des yeux ronds, non par effroi, mais parce-ce que j'étais subjuguée. L'animal avait un pelage ténébreux qui se fondait dans la nuit, mais je pouvais deviner son corps élancé et souple. C'était une panthère noire. Je n'en cru pas mes yeux. Qu'était-ce donc ? Un mirage ? Un rêve ? Je ne voyais qu'elle. Je ne pensais qu'à la beauté surréaliste du félin immobile. Ses yeux semblaient m'observer au plus profond de mon âme. C'était forcément lui...
        « Tu... Tu es le gardien ? Le gardien de la forêt ? »
        Ma voix dérailla un peu. La panthère cligna des yeux. Était-ce une réponse ?
        Soudain, sous mon regard ébahi, la panthère se mit à luire de mille feux. Un halo d'or l'enveloppa et bientôt je fus éblouie. Je fermai les yeux, me protégeant le visage des mains. Que se passait-il ? Cette lumière... Des millions de petites sphères lumineuses s'élevèrent du corps de l'animal, noyé par les rayons. C'étaient elles ! Les minuscules lucioles s'envolaient dans le ciel ; je pouvais les percevoir même si j'étais partiellement aveuglée.
        Quand je pus enfin rouvrir les paupières, je cherchai la panthère des yeux. C'était bien le gardien ! Mais quand je levai la tête, l'animal n'était plus là.

          Quoi ? Qu'est-ce que... ?
        « Eve ? Murmurai-je, m'apercevant que mon amie était devant moi, à l'endroit où la panthère se trouvait quelques secondes plus tôt.
        - Bonjour, Sarah... »
        Il me fallut quelques minutes pour réagir. Eve me souriait tendrement.
        « Mais... bredouillai-je. Tu... »
        La petite fille s'approcha de moi et me prit la main. Elle me conduisit, alors que j'étais encore stupéfaite, à la grotte, sa cachette.

        Il faisait un peu froid dans la caverne, la nuit. Eve hocha de la tête.
        « C'était vraiment toi !? Mais... tu m'as dit que tu ne connaissais pas le gardien ! »
        Je n'arrivais pas à croire qu'Eve soit le gardien de la forêt. Pourtant, c'était la panthère, les lumières s'étaient envolées comme toutes ces nuits, et l'animal s'était métamorphosé. Eve était apparue. Il n'y avait pas d'autre explication. Mais, elle avait presque mon âge ! Cela amusait mon amie. Elle ne parlait pas beaucoup, acquiesçait surtout. Peut-être étais-je la première personne qui découvrait son secret ? Alors elle habitait dans la forêt.
        « Qu'est-ce que tu fais ici, Sarah ? Tu t'es perdue ?
        - Oui...
        - Je te ramènerai demain... Repose-toi ce soir... »
        Rassurée, je ne pus malgré cela dormir tout de suite. Nous discutâmes encore quelques minutes. Eve m'expliqua qu'elle vivait depuis toujours ici, seule. J'en fus un peu attristée. Elle se transformait chaque nuit, passant d'une forme animale à une forme humaine, alternativement. Quand cela se produisait, des lumières dorées s'élevaient dans le ciel. C'était réellement magique ! Je n'arrêtais pas de lui poser des questions. Enfin, complètement vidée de mes forces, je m'endormis au milieu de la conversation.

        Le lendemain matin, mes parents furent surpris de me voir à la maison. Je crus que ma mère allait faire une crise cardiaque. Ils avaient fait appel à la police pour me retrouver. Après de très, très longs câlins et des millions de bisous, je pus enfin respirer. Mon père tenta de me sermonner, mais sa voix cassée trahissait son émotion. Moi, j'avais l'esprit ailleurs. Il n'avait pas quitté la forêt, Eve. Dès l'aube, elle m'avait reconduit chez moi. Grand-mère remarqua cette absence. Quand nous fûmes seule, elle voulut me tirer les vers du nez :
        « Que s'est-il réellement passé ? »
        Après le lui avoir raconté, même elle, eut du mal à le croire. Mais je ne lui en voulais pas ; elle était quand même fascinée, buvant mon histoire avec intensité.
        « Cette Eve me paraît être une personne merveilleuse... conclut-elle. »
        
        Les semaines qui suivirent, je me rendis souvent à la forêt. Eve et moi avions décidé de nous retrouver au pied du grand chêne. Nous passions des journées entières ensemble, à jouer dans les bois, à les parcourir de long en large, et à rire. Mes parents étaient surpris de me voir autant sortir ; je leur disais que j'allais m'amuser avec une amie, ce qui était la vérité.
        Quand j'arrivais le matin, elle était déjà là. J'essayais à chaque fois de m'y rendre plus tôt, mais elle était toujours là. Un jour, elle était Eve la petite fille, un autre c'était Eve la panthère. J'avais du mal à suivre le félin, car il était plus grand et puissant. Eve pouvait bondir d'une branche à l'autre avec tellement de facilité !

        L'été s'écoulait paisiblement. Mes journées étaient bien remplies et j'en apprenais toujours plus sur Eve. Parfois, elle était taciturne, et je me demandais quel âge elle avait vraiment ; il lui semblait avoir passé une éternité dans cette forêt. Le mythe du gardien était très ancien. Depuis combien de temps vivait-elle là ? Puis, le moment d'après, elle affichait un sourire tendre. Elle savait aussi rire aux éclats.
        Mais les vacances arrivaient bientôt à leurs termes. Je dus reprendre le chemin de l'école. Le premier jour, j'oubliai de prévenir Eve. A la fin de la journée, je courus au chêne et arrivai essoufflée.
        « Pourquoi tu n'es pas venue ? Fit-elle avec tristesse. »
        Je lui expliquai. Malgré tout, nous décidâmes de nous voir en fin d'après-midi, chaque jour. Cela fonctionnait aussi, même si nous étions bien agacée par cette histoire. Au fil des mois, la chaleur laissa peu à peu place à l'humidité et au froid.

        Mais un jour, alors que j'étais excitée et m'étais dépêchée de sortir de l'école, Eve ne vint pas. Je l'attendis pendant plusieurs heures. Lorsque le soir fut tombé, je dus rentrer chez moi, un pincement au cœur. Les feuilles d'automne virevoltaient dans les airs et formaient un tapis sur le sol, elles gémissaient comme le faisaient mon âme. Pourquoi ? J'espérai alors que ce ne soit qu'une journée isolée, mais j'avais ce pressentiment... Le lendemain, le surlendemain, elle ne vint plus sous l'arbre. J'avais la gorge nouée. Eve avait disparu.
        Une nuit, je fus très tourmentée, je n'arrêtais pas d'y penser, et je ne pus trouver le sommeil. Je passai une nuit blanche. C'est alors que quelque chose me frappa ; j'avais gardé les yeux rivés sur la forêt tout en pensant à Eve, presque la nuit entière. A l'heure où les lumières, d'ordinaires, s'élevaient dans le ciel, la nuit resta complètement noire. J'en fus pétrifiée. Mon cœur s'arrêta : Eve avait-elle quitté la forêt ?

        « Reprends-en donc Henri !
        - Merci, la prochaine fois, c'est nous qui vous invitons ! »
        Mon père avait encore invité Henri. Cette fois-ci, seule sa femme dînait avec nous. Le chasseur paraissait comblé de joie, il buvait à grande gorgée et parlait fort. Ses pommettes avaient rougies. J'étais ailleurs. Plusieurs fois, je crois, on m'a posé des questions auxquelles je n'ai pas prêté attention. Mais soudain, un mot me sortit de mes rêves :
        « Je pense retourner dans les bois avec les autres...
        - Vous n'avez pas rattrapé la bête ?
       - Eh bien, on l'a touché... Elle est blessée, mais elle a réussi à s'échapper... Tu te rends compte ! Cet animal est magnifique ! Comment a-t-il pu se retrouver dans cette forêt ?
        Ma mère demanda :
        - Quel animal ?
        - Une panthère ! » S'exclama mon père.

    A suivre...

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