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C'est le rugissement d'une vague,
D'un lion décharné dans sa cage.
Ô terrible et mortel orage,
Âpre morsure acérée d'un dague.
La douce promesse de tes mains
Cajolant tendrement mes reins,
Nous, entrelacés sous les draps,
Nous, palissant dans la nuit d'été.
Ce fruit d'amour à trop flétri,
Son amertume crevant mon âme
Tel un ciel criblé d'étoiles
Ô désespoir ronge ma vie !
Dans mon cœur ton ombre gît
Comme un faux soleil gris.
De toi, il ne reste que ce fugace
Éclat de souvenir qui s'efface...
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Je voudrais disparaître
Qu'on ne me vois pas
Si je devais renaître
Je ne serais pas moi
Être quelqu'un d'autre
Pouvoir s'effacer
Le don de gommer
L'ensemble des fautes
Je ne veux imposer
Ma vie à personne
Qu'importe j'attendrai
Que l'horloge sonne
Pas de pleurs
Ni de soucis
Les fleurs meurent
Telle va la vie
Être quelqu'un d'autre
Qui crie à haute voix
J'ai envie de vivre
Regardez c'est moi
Qui verrait ces larmes
Versées chaque nuit
Qui donc sauverait
Ces vers de l'ennui
Alors entends-moi
Ecoute ma voix
Ce qu'elle te dit
C'est que je suis là
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La lune dévorant la nuit
De son éclatante blancheur
Me rappelle mon coeur
Consumé par l'ennui
Les voix silencieuses
Qui hurlent l'espoir
N'apportent que déboires
Et chimères pernicieuses
Les nuages s'effacent
Comme le feu de mon âme
Qui seul se blâme
Du vide qui l'embrase
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J’ai la tête vide. Mon corps est lourd.
Autour de moi, il n’y a qu’abîme et profondeur. Je n’ai plus aucune notion d’espace ; je reste là, immobile, incapable de me mouvoir à cause de mes membres engourdis.
Depuis combien de temps suis-je allongé sur le sol froid et humide de cette pièce intemporelle, à fixer le plafond et à ne rien voir comme si mes yeux étaient clos ? Je ne sais pas. Sûrement longtemps, tellement longtemps que mes souvenirs se sont effacés de ma mémoire. Où suis-je ? Qui suis-je ? Tout cela je l’ai oublié. L’ai-je au moins su un jour ?
Soudain, un grincement strident se fait entendre. Les ténèbres dans lesquels je suis engouffré sont balayées par un filet de lumière. C’est lui. Il a ouvert la porte qui me sépare d’un monde dont je ne connais rien. Peut-être ai-je envie de découvrir celui-ci ? Régulièrement, il entre dans la pièce et reste debout à m’observer. Je le sais, je le sens. Ses yeux me scrutent et m’analysent dans les moindres détails, même mon âme semble transpercée par son regard froid. Parfois, il s’approche et je peux apercevoir un carnet de note dans ses mains – qu’il lâche quelques instants pour m’examiner. Il prononce alors des mots qui ne me disent rien, comme s’il s’adressait à une autre personne. Je le fixe, sans rien dire. Il fait comme si je n’existais pas. Le faible éclairage me laisse entrevoir son visage concentré. C’est un homme d’une trentaine d’années, mal rasé, habillé d’une blouse blanche tâchée d’encre noire. Il se relève et prend quelques notes avant de s’en aller et de refermer la porte derrière lui. Tout redevient sombre et silencieux.
Je reste dans la solitude, pour seule compagnie mes pensées. Je les mets en ordre, essayant de chasser la confusion de mon esprit. Mais ce qui me torture le plus, c’est cette peur croissante au fond de moi, ce nœud qui serre mon estomac, qui le compresse. Mon ignorance accentue la chose, le noir et le froid m’oppressent.
Je craque.
Je ne peux pas en supporter davantage ! J’ouvre les yeux et scrute le vide avec conviction. Je referme mon poing avec difficulté, puis serre les dents. C’est la première étape, ma décision est prise.
Je ne sais pas combien de temps s’écoule mais je patiente, j’attends avec la ferme intention de réussir mon coup. Je m’échauffe, me prépare psychologiquement, comme si une bataille d’une importance capitale allait se dérouler. C’était un peu ça.
Après un long moment, la porte s’ouvre à nouveau. L’homme entre et comme à son habitude reste devant moi un instant à me regarder. Je prie de tout mon être pour qu’il s’approche. Par chance, il le fait. J’entends ses pas lourds frottant le sol de plus en plus nettement. Il est tout près. Soudain, il se baisse pour mieux me voir.
C’est le moment ou jamais ! Je prends ma respiration et ferme les yeux. Puis dans un élan de détermination, je me lève d’un coup et projette l’homme effaré en arrière. Il pousse un petit cri et se tord de douleur. Je reste muet, surpris par ma poussé d’adrénaline. J’ai enfin pu bouger.
L’homme reste à terre, inerte. Ma force m’étonne. Je regarde devant moi l’ouverture qui m’invite à m’échapper. J’accepte volontiers sa proposition et commence à avancer lentement. Je passe l’embrasure de la porte puis me retrouve dans un couloir légèrement éclairé par des néons orangés. Des profondeurs des ténèbres, la lumière semblait tellement vive que je croyais qu’il s’agissait du soleil, mais en réalité il me reste du chemin à faire avant de voir ses rayons. Je me mets en marche, rapidement, du moins à la vitesse que mes jambes me permettent. Mon regard balaye les murs gris et effrités par le temps. Je commence à me sentir anxieux. J’ai l’impression d’avancer à l’aveuglette, dans un lieu ne menant nulle part. Le couloir est sans fin, sans repère et tout se ressemble.
Soudain, une alarme se met en marche. Une sirène discordante sonne, les murs deviennent rouges et la lumière se met à tourner comme si elle venait d’un gyrophare. Je me bouche les oreilles. Sans m’en rendre compte, j’ai paniqué et me suis mis à courir à toute allure. Je passe devant des portes sans prendre la peine de les regarder, ma tête tourne. Je ne vois qu’une chose : le chemin droit devant moi. C’est le plus court pour atteindre mon but.
Je me presse, mes pieds me font mal. Un bruit métallique me poursuit à chacun de mes pas, mais je n’arrive pas à savoir ce que c’est. Je ne désire qu’une chose, m’évader le plus vite possible et enfin respirer à l’air libre.
Enfin, au bout du couloir, je vois une porte. Elle semble être mon unique échappatoire. Je la pousse violemment et soudain un éclat lumineux m’éblouie. Je ferme les yeux et m’arrête de courir. Peu à peu, ma vue revient. Je me trouve devant un grand espace vert, encerclé par une forêt dense et des montagnes gigantesques. Le ciel est d’un bleu à la fois clair et profond, les nuages se déplacent au gré du vent et quelques chants d’oiseaux me parviennent. Les rayons du soleil sont plus beaux encore que ce que je pensais. Ils sont chaud et…
Non.
Quelque chose cloche. La sensation que dégage cette source de lumière n’est pas comme je l’aurai cru. Je ne sens pas sa chaleur sur ma peau, les bras du soleil ne me chatouillent pas comme ils le devraient.
Je n’ai toujours aucun souvenir. Ai-je déjà vu la lumière du jour avant aujourd’hui ? Est-ce que j’ai déjà ressenti la sensation que je décris ? Non. Je ne sais pas.
Mes idées s’entremêlent, mes pensées deviennent confuses. Je me sens lourd, tout d’un coup, comme si je venais d’avaler du plomb en grande quantité. Mes forces m’abandonnent lentement et peu à peu, mes yeux se ferment. J’entends encore quelques gazouillis, puis des cris derrière moi, sûrement ceux de mes poursuivants. J’aimerais m’enfuir, me sauver, pour ne jamais avoir à retourner dans le noir et la solitude, mais mon corps me le refuse. Je ne peux plus bouger, je reste les deux pieds figés au sol, comme ancrés dans le bitume.
Ma tête est creuse.
Soudain, je tombe de tout mon poids sur le sol, dans un fracas sourd. Je reste immobile le temps d’une seconde, puis plus rien.
***
L’horizon est vaste. Les montagnes qui englobent cette parcelle de forêt immense font plusieurs mètres de hauts. Une petite rivière traverse furtivement le terrain, s’écoulant des montagnes et vagabondant entre les arbres et les rochers.
Au loin, une petite tâche noire gît sur le sol. Elle semble inerte. En se rapprochant, on aperçoit les contours d’une silhouette grise se former. Plus près, on constate qu’il s’agit d’une sorte d’humain métallique, allongé sur le sol.
Trois hommes sortent en trombe du vieux bâtiment caché juste derrière les broussailles. Ils se ruent sur l’étrange machine et l’attrapent par deux de ses membres. Un autre homme arrive. Il a une moustache retroussée et porte une blouse blanche immaculée. Il hurle à ses compagnons de sa grosse voix : « Il a fonctionné ?! » Ceux-ci hochent de la tête avec frénésie et un peu de peur devant ce que l’homme vient d’accomplir. Le moustachu répond avec énergie et fierté : « Ramenez-le dans le labo ! Ce sera la première intelligence artificielle lorsqu’il sera achevé ! Mais il faut revoir ce problème de batterie… »
Les hommes portent alors l’engin avec difficulté jusqu’à l’intérieur, en peinant quelque peu. Enfin, le robot reprend sa place originelle, dans la pièce sombre et froide.
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Rêve chimérique d'une rose
Qui veut être au ciel pareil
S'élever d'une petite chose
A une étendue de merveilles
Etre vue de tous, infini de bleu
Sans savoir percevoir ce feu
Allumeur de tant de passions
Que sont ces jupons flamboyants
Et font naître mille émotions
Inspiration des plus beaux chants
Rose, de nombreux poètes la muse
Ne te perds pas, ta jeunesse s'use,
Dans des songes trompeurs d'éternité
Oublie donc cette vanité
Et vie en reine d'épines, reine des fleurs,
Attrape vite ce fugace bonheur.
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